Que souhaites-tu nous dire de toi ?
Je suis Lætitia Avrot :
- Fondatrice de Postgres Women
- Trésorière de PostgreSQL Europe
- Contributrice reconnue du projet PostgreSQL
- Conférencière à l’international
- Enseignante de bases de données à l’université Lyon I
… et je cours avec des zombies (application Zombies, run!)
En quelques mots, quel est ton rôle chez EDB ?
J’assure tout le volet technique du rôle classique du CTO. J’ai donc le loisir de réaliser de la veille technologique, principalement autour de Postgres, afin de conseiller au mieux mes clients, principalement des CEO et CTO de grands groupes. Je m‘assure qu’ils comprennent les implications de leurs choix techniques.
J’essaye également de les influencer pour qu’ils choisissent Postgres, non pas pour des raisons commerciales, mais parce que je suis persuadée qu’il s’agit du meilleur choix technique pour eux.
Est-ce que tu veux bien nous en dire plus sur ton parcours ?
Après un baccalauréat scientifique, spécialité maths, j’ai intégré l’INSA de Lyon en prépa intégrée. J’avais choisi la section asiatique (AsINSA), j’ai donc étudié le chinois pendant 3 ans et j’ai effectué un stage d’un mois à Shanghai. Après 2 ans, je me suis spécialisée en informatique, département IF pour ceux qui connaissent.
J’ai débuté sur un poste de support niveau 3, en qualification de bugs, puis j’ai été responsable de TMA (Tierce Maintenance Applicative). J’ai découvert Postgres en 2007 sur le projet géoportail, puis je suis passée DBA Postgres en 2009.
Je suis ensuite montée en compétences sur Oracle et SQL Server et j’ai même fait un peu de DB2. L’entreprise qui m’embauchait alors n’avait pas assez de travail à me fournir, ils ont tenté de me reconvertir en chef de projet PMI, mais ils n’avaient pas de projet non plus, j’ai donc fait un peu de tests automatisés.
Par la suite je suis devenue cheffe de projet Oracle dans une entreprise où j’ai vécu un harcèlement moral. Je suis donc partie pour intégrer l’industrie, où je m’occupais du déploiement des nouvelles versions de Windows sur 15000 postes dans le monde.
Puis, on m’a proposé de revenir sur Postgres, en tant que consultante. J’ai accepté et ai intégré la communauté. J’ai ensuite changé d’entreprise pour passer consultante senior, puis architecte senior et enfin Field CTO.
Quelles compétences techniques sont essentielles pour réussir en tant qu’Experte PostgreSQL chez Postgres Women ?
La seule compétence technique super importante est… la curiosité! Tout le reste s’apprend si on a la curiosité de regarder.
Un exemple de défi technique que as-tu relevé avec succès ?
J’ai réduit les temps d’exécution des procédures stockées d’un client de 17h à 2h, juste en modifiant le paramétrage de Postgres.
Comment gères-tu les stéréotypes de genre dans l’IT ?
Je les ignore.
- J’ai le droit d’être là, comme un homme.
- J’ai le droit d’être parfois incompétente, comme un homme.
- J’ai le droit d’être fière de mes succès, comme un homme.
Quels outils ou langages de programmation recommandes-tu pour celles et ceux qui débutent dans ton domaine d’expertise ?
Le SQL me semble indispensable, surtout qu’il est beaucoup plus profond qu’on ne le pense. Le SQL est Turing complete.
A ce titre, je vous encourage à regarder le code de Vik Fearing sur adventofcode : https://github.com/xocolatl/advent-of-code
Quel message adresserais-tu à celles qui aspirent à rejoindre la Tech malgré les stéréotypes ?
Go!!! Il y aura toujours des gens pour dire que vous n’êtes pas assez ci ou trop ça, que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle. Ne les laissez pas gagner en les laissant dicter votre vie. Celle-ci est courte et son but principal est le fun, alors amusez-vous!
Comment perçois-tu l’évolution de la diversité des genres dans la Tech ?
C’est en progrès, même s’il y a des jours où l’on est plus fatiguée que d’autres.
Comment encourages-tu les étudiantes et les femmes en reconversion dans la Tech ?
Je commence par leur conseiller de ne pas dire qu’elles souhaitent être développeuse web tant qu’elles n’ont pas perçu tout l’éventail des métiers de la Tech.
Une fois, qu’elles ont vu et choisi leur voie -sachant qu’aucun choix n’est indélébile- il n’y a plus qu’à foncer. Lorsqu’on va vite, on n’a pas le temps d’avoir peur.
Quels défis as-tu rencontrés en tant que femme dans un domaine masculin et comment les as-tu dépassés ?
On se construit petite à petit et comme l’a dit Simone de Beauvoir, on ne naît pas femme, on le devient.
Au départ, je ne percevais pas le sexisme, comme celui de ce directeur d’agence qui m’a annoncé en entretien d’embauche qu’il voulait que ses gars puissent parler foot et gonzesses avec les clients.
Mais en fait, dans la Tech, la réponse est simple: il y a suffisamment de boulot pour faire le tri dans les entreprises et refuser les mauvaises.
Quelles sont les initiatives visant à promouvoir la diversité dans la Tech auxquelles tu as contribué ?
Je suis fondatrice de Postgres Women. Ce mouvement organise des dîners, des cercles d’accompagnants “safes” pour les fêtes communautaires, et un accompagnement si une plainte au comité du code de conduite est nécessaire. Nous pouvons également trouver des fonds pour aider les femmes à voyager vers les conférences.
Mon objectif est qu’un maximum de femmes viennent aux conférences pour que je puisse plus facilement les pousser sur scène ensuite. Parce qu’aller aux conférences, c’est bien. Être sur scène en conférence, c’est encore mieux!